Musée des Antiquités de la Seine-Maritime
Les fouilles exécutées en 1992-1993 par le Service Régional de l'Archéologie de Haute-Normandie et l'Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales (A.F.A.N.) à l'emplacement du futur Espace du Palais, à Rouen, ont révélé un nouveau tronçon du rempart édifié autour de la ville romaine du Bas-Empire.
Ses fondations étaient constituées par des blocs de pierre réemployés, dont près de 200 provenaient d'un mausolée monumental du IIIe siècle, démonté pour la circonstance. Celui-ci devait s'élever dans l'un des deux cimetières situés au nord et au nord-ouest de la ville et être visible de la Seine. Si de tels monuments funéraires n'étaient pas rares dans le monde romain et notamment en Gaule, celui de Rouen est l'un des plus exceptionnels par ses grandes dimensions.
L'enclos où se trouvait le monument était limité par un mur. L'accès était marqué par deux piles portant chacune des figures monumentales : Dionysos d'un côté et Ariane de l'autre, divinités protectrices du monde des morts.
La vingtaine de blocs présentée, d'un poids allant de 0,5 à plus d'une tonne, a été sélectionnée en raison de son intérêt architectural ou décoratif.
Les décors sont souvent soulignés d'un filet rouge. Ce procédé d'origine macédonienne ou grecque fut diffusé à Rome et utilisé sur la plupart des monuments publics.
La façade de l'édifice, haute d'environ 28 m, est flanquée de parois latérales ornées. Elle est constituée de trois salles accolées, couronnées d'une pile funéraire avec poidum, tétrapyle et flèche pyramidale.
La hauteur de cette partie frontale correspond à la profondeur totale de l'édifice.
Les travaux de Pierre André et de Vincenzo Mutarelli, architectes spécialistes des monuments antiques, permettent de proposer une reconstitution de ce mausolée.
Le tracé régulateur du monument, inscrit au sol dans un rectangle de 20 m par 28 m, atteste l'utilisation du pied grec de 30,8 cm. Il est organisé selon un plan cruciforme, avec une salle centrale carrée, probablement réservée à la sépulture des parents fondateurs. Le sol des salles latérales comporte des cavités destinées à recevoir des urnes cinéraires, vraisemblablement celles des héritiers du défunt fondateur et des affranchis qui assuraient l'entretien du tombeau.
