icotit picture Normandie Web : Domfront
Région : Basse-Normandie || Département : Orne || Canton : Domfront || Habitants : 4503 || Auteur : Michel Lebossé - mpleboss@club-internet.fr

Curiosités : Ruines d'un château féodal, Donjon, Jardin public anglais et les remparts, Eglise romane de Notre-Dame-sur-l'Eau (Chapelle 11e s.), Eglise Saint-Julien (Domfront), site des Tanneries en bordure de la rivière "La Varenne", Salle-Musée Charles Léandre (dessinateur-caricaturiste), production de Calvados, Vieilles rues et beau panorama. Capitale du Passais normand.

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La Révolution et la Chouannerie dans le Passais

La Révolution de 1789, provoqua d'abord de l'indifférence, le paysan du bocage n'ayant que peu d'estime pour les «causeux», puis suscita, ensuite une vive hostilité dans les campagnes. En 1790, une "contribution patriotique" fut décidée par le Pouvoir. Un an après, un quart seulement de la somme exigible avait été réunie pour le canton de Passais. Aux élections à la Convention, seuls trente deux électeurs sur mille inscrits votèrent. Il en fut de même aux élections municipales avec 90% d'abstention. La position d'officier municipal n'était guère enviable. Lors de l'enrôlement de soldats en août 1792, les officiers municipaux furent insultés par les participants qui exigèrent que ces officiers, ainsi que les prêtres constitutionnels, soient inscrits sur les listes de tirage au sort, et en 1793, l'insoumission fut fréquente. A partir de 1793, la Chouannerie se développa en réaction à l'administration locale. La vente des biens du Clergé et ceux des Emigrés avait surtout profité à la bourgeoisie, instigatrice de la Révolution. Ors ces bourgeois s'avérèrent des propriétaires plus âpres que la petite noblesse rurale qui, exploitant souvent elle même ses propres terres, comprenait les problèmes des paysans. Les récoltes étaient mauvaises et payées en assignats, une monnaie qui se dépréciait chaque jour, et le paysan était menacé de saisie s'il ne livrait pas. Enfin l'installation de curés constitutionnels, en 1791, avait fait scandale. Désignés par les électeurs des villes, il furent considérés comme des intrus, alors que le curé et ses prêtres, souvent d'origine rurale et du même village, inspiraient le respect. Dans les districts d'Alençon, Argentan et Domfront, 73% des prêtres refusèrent de prêter serment et devinrent ainsi hors la loi, contraints à l'exil, ou à la clandestinité. A Passais en 1794, l'interdiction de sonner l'Angélus dut être rapportée devant le mécontentement général. Mais c'est à partir de 1795 que la Chouannerie s'organisa sous la direction de Louis de Frotté. Il avait 29 ans, était né à Alençon mais sa famille était originaire de Couterne. Les chouans s'organisèrent par légion, autour d'un chef, mettant à profit la nature de la campagne, bocage, haies, chemin creux et forêts. Les légions furent très actives vers Avranches, Flers et ses environs, Saint-Jean-des-Bois ainsi qu'à Ambriéres. Soutenues par les paysans, elles compteront jusqu'à sept mille hommes. A l'opposé, les villes telles que Tinchebray et Domfront étaient républicaines et abritaient des garnisons de "bleus". Frotté engagea jusqu'à mille chouans dans des coups de main sur Flers, La Lande-Patry, Vassy, Tinchebray, Mayenne etc. La première guerre dura d'avril 1795 à juillet 1796, date à laquelle un accord de pacification fut signé. La répression ayant repris sous les instructions de Bonaparte, la seconde guerre commença en septembre 1799 et dura jusqu'en février 1800, quand Frotté fut pris par traîtrise et fusillé. Pendant tout le règne de Napoléon, les chouans continuèrent à être pourchassés. Passais et sa région était pris entre deux feux: Domfront et sa garnison de "bleus" et Ambriéres et sa légion de Chouans. Le chef des chouans était un dénommé Billard d'Ambriéres, très apprécié de "Frotté", il était assisté par trois frères Fortin de "Saint-Loup-du-Gast". Il participa à des attaques sur Mayenne, La Ferté-Macé, Montsecret etc. A Torchamp, le 29 septembre 1795, Frotté, Billard et une soixantaine de Chouans dînaient au château quand ils furent attaqués par les Bleus de Domfront, mais ils pourront s'échapper. Le 22 octobre 1795, les Chouans furent pris à partie à Ceaucé par une forte colonne de Bleus. Plus tard, le 12 mars 1797, à Saint-Fraimbault, les Bleus de Domfront, qui recherchaient un officier de Frotté, tirèrent dans une auberge tuant deux hommes et une fillette, provoquant une grande indignation dans le pays. Un décret ordonnant de couper les arbres à cent toises de part et d'autre des chemins, pour éviter les embuscades, ne fut jamais appliqué dans le Passais, pays de bocage. En 1795, les Municipalités ne se réunissent plus, et il y eut 80% d'abstention lors du vote sur la nouvelle Constitution. Le 1er brumaire an VI (22 octobre 1797), l'administration du canton de Domfront adresse à l'administration départementale l'état des 19 prêtres qui troublaient la tranquillité publique dans le canton. En 1798, devant la fuite des responsabilités politico-administratives, la municipalité cantonale doit à vingt reprises, nommer des nouveaux agents et adjoints municipaux. Cette guerre provoqua au moins dix mille morts des deux cotés. Pour l'arrondissement de Domfront les pertes économiques furent estimées à trois millions. Lorsque sous le Consulat, les dégâts dus aux troubles furent indemnisés, Passais réclama 106788 F, mais ne reçut que 100 F, sa complicité avec les Chouans étant notoire. Bibliographie: La Révolution française en Normandie - Gabriel Désert - Ed. Privat (1989)
Les Chouans de Normandie- A. Chaudeurge - Le pays bas-normand (1976)